LE SEL DE LA VIE
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Camille Mutel déploie sa nouvelle création, Le Sel de la vie, autour de la singularité et de la fragilité d'un territoire unique : la Vallée de la Seille (57). Celle ci abrite - loin des côtes maritimes - des sources, mares, résurgences et prés salé·es d’une grande richesse floristique et faunistique menacé·es pour certain·es de disparition.
A la lecture de l'effacement progressif du paysage et de sa transformation inéluctable, l'artiste s'interroge sur ce que « mourir invisible » signifie pour chaque espèce, qu'elle soit végétale, animale ou humaine.
Elle s'associe à la designeuse culinaire Céline Pelcé pour imaginer une cérémonie gestuelle et culinaire dans laquelle les convives sont invités à se nourrir littéralement de ce paysage. Ensemble, elles proposent une expérience sensorielle proche du rituel, dans laquelle il convient d'inhumer les aliments, les déterrer, ou les réduire en cendres. Tandis que l'eau de source trace un sillon fugace le long d'une pierre de sel gemme, le fruit trop mûr, embaumé des mains de l'une ou l'autre artiste prend corps pour une dernière fois dans la bouche et la mémoire des hôtes ici réunis.
En préambule à cette création, un long et riche travail documentaire se déploie sur différents sites. Camille Mutel, accompagnée de Katherine Longly, photographe, Caroline Simonin, auteure et Violette Graveline, scénographe, effectuent un travail de terrain. Elles se rendent dans les cimetières, ainsi qu'auprès du Parc Naturel Régional de Lorraine qui recense les espèces en voie de disparition dans la Vallée de la Seille. Elles s'associent au Collectif pour les morts de la rue qui veille à la dignité des funérailles des personnes sans abri et sans chez soi. Elles collectent les mots, images, objets qui présentifient les absents et recueillent les gestes singuliers de celles et ceux qu'ils·elles accompagnent. Apparaît en creux le portrait de ces morts invisibles qui peuplent nos existences. Crapaud sonneur à ventre jaune, Artemia Salina, ou encore « un homme, non identifié, en situation de rue », décédé en octobre 2024 au centre ville de Strasbourg. Une place singulière sera trouvée à chacun·e d'entre eux·elles dans la cérémonie culinaire et gestuelle qui verra le jour au printemps 2027.
Entre poésie et documentaire, le spectacle inspiré des banquets funéraires se donne pour ambition de résister à l'indifférence. Faire exister les disparu·es, pouvoir dire « leur présence aura fait une différence », et sentir que c'est ensemble que nous tenons. Dans ce troisième volet d’une quadrilogie qui interroge la Place de l’autre et le geste comme ce qui nous relie à lui, Camille Mutel met en scène l'éphémère et nous propose de goûter au sel de la vie...
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